SECTION D'AVIATION DU 22e R.A.C.

(RAC = Régiment d'Artillerie de Campagne)


Sommaire :

Historique de l'unité

Origines
Entrée en guerre
Bataille de Charleroi
1ère bataille de Guise
1ère bataille de la Marne
1ère bataille de l'Aisne

Chefs successifs
Les morts
Insignes
Stationnement
Rattachement
Fanion
Bilan des archives


HISTORIQUE DE L'UNITE :

Origines :

25.01.12 :

Le procès-verbal de la séance du conseil supérieur de la guerre (C.S.G.) de ce jour indique qu'en vue de faciliter la préparation de la mobilisation, il n'est prévu qu'un type unique d'escadrille de campagne; seule, la nature des appareils volants entrant dans leur composition pourra différencier les escadrilles au point de vue de leur emploi, les meilleurs multiplaces devant composer les unités utilisées pour le service d'armée, tandis que les autres formeront les éléments constitutifs des unités destinées aux reconnaissances tactiques (corps d'armée, divisions de cavalerie, places fortes) y compris bien entendu la reconnaissance des objectifs et l'observation du tir de l'artillerie. [1N010]

 

Pour satisfaire aux besoins du temps de guerre, on propose de doter chaque armée d'un nombre d'escadrilles égal à celui des corps d'armée et des divisions de cavalerie qui la composent, augmenté d'une unité; l'une au moins de ces escadrilles, spécialement destinée au service de l'armée, serait formée d'appareils du plus grand rayon d'action. [1N010]

 

M. le ministre de la guerre termine par la lecture de questions concernant l'aviation. En particulier celle-ci : "Y-a-t-il lieu de développer l'emploi des aéroplanes pour le service des reconnaissances tactiques (corps d'armée, divisions de cavalerie, places fortes)?" [1N010]

17.03.13 :

Le procès-verbal de la séance de ce jour de la commission supérieure de l'aéronautique militaire reprend une demande du gal Mengin : "… si l'on ne devrait pas prévoir l'affectation d'avions à l'artillerie, non pas tant pour régler son tir que pour découvrir et situer ses objectifs; il en résulterait une réelle économie dans la consommation des munitions." [9N093]

 

La réponse du gal Joffre est de dire que les escadrilles classiques pourront se charger de ce travail, une fois les masses ennemies repérées. [9N093]

16.05.13 :

Le rapport de la commission supérieure de l'aéronautique militaire traite du programme général d'organisation de l'aviation, en ce qui concerne le matériel et les unités à mobiliser. Il y est proposé la création d'une escadrille légère de 5 avions transportables dans un régiment par division de cavalerie et dans un régiment d'artillerie par corps d'armée. [9N093]

 

Ce texte propose la création de 30 escadrilles légères ayant chacune 3 avions et 3 (1ère ligne) ou 2 (2e ligne) pilotes. [9N093]

18.12.13 :

Une note destinée au 1er bureau de l'E.M.A. traite de l'aviation d'artillerie. Elle fait réponse à la note n° 6119-3/3 transmise le 1er décembre par transmission n° 8527-1/11 qui demandait l'envoi d'escadrilles dans six camps. La réponse est d'abord d'indiquer que trois des camps ne permettent pas la réception de ces unités. En second il n'est pas possible de mettre sur pieds ce type d'unités. Des unités existantes pourront être envoyées à la demande. Pour conclure; les essais ont montré qu'il n'existe pas alors d'avion adapté à cette mission. [9N093]

17.04.14 :

Le J.O. de ce jour donne la composition d'un régiment d'artillerie de campagne et d'un régiment d'artillerie lourde. On trouve dans les renvois la remarque suivante :

 

"Certains régiments désignés par le ministre peuvent recevoir en sus de leur effectif normal : … 2° Le personnel d'une ou plusieurs escadrilles d'avions d'artillerie." [JO du 17.04.1914]

 

A la page suivant on a le nota : "Le personnel des escadrilles légères d'avions d'artillerie compte en surnombre dans les régiments auxquels il est rattaché." [JO du 17.04.1914]

18.04.14 :

Une note datée au crayon de ce jour résume l'organisation de l'aéronautique en temps de paix et en temps de guerre. Il ne semble pas y avoir alors d'escadrille d'artillerie de créée. [7N054]

01.08.14 :

La dépêche ministérielle n° 5053-3/3 de ce jour crée la section d'aviation. [26N942/01]

02.08.14 :

Le mdl Damberville est rayé des contrôles de la 21e section d'aéronautique du camp de Châlons et affecté au 22e R.A. de Versailles. [Archives Seine Maritime]

 

Il relève alors probablement de la section aéronautique du régiment.

 

Il s'agit du mdl Robert Adolphe Damberville, n° matricule de recrutement 1930. [Archives Seine Maritime]

Entrée en guerre :

03.08.14 :

Déclaration de guerre de l'Allemagne à la France.

 

Au début de la mobilisation la section d'aviation d'artillerie est rattachée au 22e R.A. (régiment d'artillerie) de Versailles. Elle comprend :

 

Personnel : 1 officier, 1 sous-officier et 9 hommes de troupe.

 

Matériel : 2 avions démontables, 2 tracteurs et une voiture automobile.

 

Il faut ajouter deux chevaux. [26N942/01]

 

A cette date le 22e R.A. forme l'artillerie divisionnaire de la 6e division d'infanterie (D.I.) du 3e C.A. (corps d'armée) de la 5e armée. [26N942/01]

 

Nota : le 22e R.A.C. (régiment d'artillerie de campagne) est composé de 3 groupes (n° 1 à 3), composés eux-mêmes de trois batteries (n° 1 à 3, 4 à 6 et 7 à 9). Ce dispositif comporte aussi des éléments, groupe et batteries, de complément.

 

Le col Estienne, commandant du régiment, commande aussi l'A.D. 6 (artillerie divisionnaire de la 6e D.I.). Je vais donc suivre cette A.D. 6 ainsi que la 2e batterie afin de trouver des indices quant à la localisation de la section d'aviation.

 

Dans l'historique du régiment on trouve le texte suivant : "Le 3 août, le commandement du régiment était donné au colonel Estienne, apôtre de l'aviation d'artillerie, qui amena du camp de Châlons une section légère d'aviation d'observation (deux monoplans Blériot démontables, trois pilotes observateurs). C'était une innovation hardie pour l'époque." [MDH]

 

Nota : il semblerait qu'un des pilotes se soit perdu en route. Damberville venait bien de la 21e section de Châlons avant d'être affecté le 2 août au 22e R.A. La section devait être dirigée par le slt Morel, mais je n'en ait pas eu la confirmation.

06.08.14 :

Sur le J.M.O. du 1er groupe du 22e R.A. on trouve sur la liste des personnels de la 2e batterie un mdl Damberville. [26N942/06]

 

Le J.M.O. précise que dans les effectifs indiqués (hommes et chevaux) pour la 2e batterie sont compris les hommes et les chevaux affectés à l'état-major de l'A.D. 6 et à la section d'aviation. [26N942/06]

 

Les embarquements des 1ère et 2e batteries se font dans la journée à la gare de Versailles. [26N942/06]

07.08.14 :

Après débarquement au Châtelet-sur-Retourne, la 2e batterie va cantonner à Coucy ainsi que l'état-major de l'A.D. 6. [26N942/06] + [26N942/01]

 

Châtelet-sur-Retourne : 12 km SO de Rethel – Ardennes.

 

Coucy : 6 km est de Rethel – Ardennes.

08.08.14 :

La 2e batterie et l'A.D. 6 vont cantonner à Jonval. [26N942/06] + [26N942/01]

 

Jonval : 22 km NE de Rethel – Ardennes.

 

Par la suite quand je désigne l'A.D. 6 il s'agit de son état-major.

10.08.14 :

La 2e batterie et l'A.D. 6 vont cantonner à Villers-le-Tilleul. [26N942/06] + [26N942/01]

 

Villers-le-Tilleul : 15 km sud Charleville-Mézières – Ardennes.

12.08.14 :

La 2e batterie va cantonner à Sapogne avec le groupe et l'A.D. 6. [26N942/06]

13.08.14 :

Le 1er groupe va cantonner à Launois avec l'A.D. 6. [26N942/06] + [26N942/01]

 

Launois : probablement Launois-sur-Vence à 17 km au SO de Charleville-Mézières – Ardennes.

15.08.14 :

Le groupe, réuni aux 2e et 3e groupes, manœuvre en liaison avec la section d'avion sous les ordres du colonel commandant l'A.D. 6. [26N942/06] + [26N942/11]

 

Le J.M.O. du 2e groupe parle de "l'avion de l'artillerie". N'y avait-il ou ne resterait-il qu'un seul avion?

 

A partir de ce jour le groupe est inscrit dans le convoi de la 6e D.I. Je ne sais pas si la section d'avion suit à chaque fois, mais c'est probable. De toute façon le ou les avions étaient démontés.

 

Le J.M.O. du régiment indique la manœuvre du régiment dans la région voisine de la Fosse à l'eau, avec la section d'aviation. [26N942/01]

 

La Fosse-à-l'Eau : le hameau se trouve à environ 4 km au nord de Launois, sur la D 20 - Ardennes.

 

En soirée le groupe et l'A.D. 6 arrivent vers 23 heures à Hardoncelle où ils s'installent. [26N942/06] + [26N942/01]

 

Hardoncelle : environ 11 km à l'ouest de Charleville-Mézières – Ardennes. Le hameau est à l'est de Remilly-les-Pothées où est passé l'A.D. 6 avant de bivouaquer.

16.08.14 :

Le 1er groupe arrive avec la 6e D.I. à Antheny. [26N942/06]

 

L'A.D. 6 s'installe à la Neuville-aux-Tourneurs. [26N942/01]

 

Antheny : 30 km ONO Charleville-Mézières – Ardennes.

 

La Neuville-aux-Tourneurs : 2 km au NNE d'Antheny - Ardennes.

17.08.14 :

Le 1er groupe arrive à Momignies (Belgique). [26N942/06]

 

L'A.D. 6 s'installe à Beauwelz. [26N942/01]

 

Momignies : à la frontière au sud de Charleroi, 10 km à l'OSO de Chimay – Belgique.

 

Beauwelz : 2 km au sud de Momignies – Belgique.

18.08.14 :

Le 1er groupe arrive à Sautain. [26N942/06] + [26N942/01]

 

On y trouve aussi l'A.D. 6 et le gros de la D.I. [26N942/01]

 

Sautain : probablement Sautin à 15 km au NNO de Chimay – Belgique.

19.08.14 :

Le 1er groupe arrive à Haies, l'A.D. 6 à Cour-sur-Heure. [26N942/06] + [26N942/01]

 

Haies : 7 km au sud de Charleroi – Belgique.

 

Cour-sur-Heure : 14 km SSO de Charleroi – Belgique.

20.08.14 :

Le 1er groupe arrive à Loverval et l'A.D. 6 s'installe à Nalinnes. [26N942/06] + [26N942/01]

 

Loverval : 4 km au sud de Charleroi – Belgique.

 

Nalinnes : 9 km au sud de Charleroi – Belgique.

 

Nota : il est possible que les avions soient alors montés, en vue de l'action.

21.08.14 :

Le 1er groupe est à Couillet et l'état-major de l'A.D. 6 à Haies. [26N942/01]

 

Couillet : sortie sud de Charleroi – Belgique.

 

Haies : 7 km au sud de Charleroi – Belgique.

Bataille de Charleroi (22 et 23) :

22.08.14 :

Premiers engagements du régiment. [26N942/06]

 

Le J.M.O. du régiment indique que le ltt aviateur Morel part en auto pour porter un ordre urgent. Il essuie un coup de feu d'une sentinelle française qui le blesse grièvement à la cuisse. Il meurt quelques jours après à l'hôpital de Reims. [26N942/01]

 

Nota : si Morel faisait partie de la section d'aviation du régiment je trouve curieux qu'il se retrouve à l'hôpital de Reims alors que le régiment était en Belgique, mais on peut y trouver une explication. Les armées françaises étant en retraite il était préférable de renvoyer les blessés sur l'arrière. Les services médicaux de l'avant avaient d'ailleurs beaucoup de mal à suivre le rythme.

 

L'A.D. 6 est constituée en deux groupements. A gauche : vers la cote 178 le 2e groupe et la section d'aviation. [26N942/01]

 

J'ai trouvé une cote 178 sur une carte d'époque. Elle se trouve au sud de Mont-en-Marchienne, aujourd'hui au SO de Charleroi. Cette cote a probablement été rasée lors de la construction de l'autoroute. Il y a des champs aux environs qui pouvaient permettre le décollage d'un avion.

 

Pour le 3e C.A. le repli commence.

(Source [40])

23.08.14 :

Bivouac du 1er groupe à Vogenées. [26N942/06]

 

Vogenées : lire Vogenée, à 18 km au sud de Charleroi – Belgique.

 

Dans le J.M.O. de la 2e batterie on trouve : "Au lever du jour nous sommes en position au nord de Gourdenes – A 13 heures la batterie contrebat l'infanterie qui s'avance dans le vallon de ???, puis avec le concours d'un avion deux batteries ennemies placées sur le sud de Nalines. L'avion n'a pu continuer le réglage et permettre un tir d'efficacité à cause d'une panne." [26N943/05]

 

Gourdenes : lire Gourdinne, 12 km au sud de Charleroi – Belgique.

 

Nalines : lire Nalinnes, 9 km au sud de Charleroi - Belgique.

 

L'unité dont relève l'avion n'est pas précisée.

 

Le J.M.O. de la 7e batterie signale aussi un réglage par avion sur une ligne d'artillerie au sud-ouest de Bultia. [26N943/22]

 

Bultia : environ 7 km au sud de Charleroi - Belgique.

 

On est à peu près dans la zone vers laquelle tire la 2e batterie.

 

Le J.M.O. du régiment indique une position initiale de l'A.D. 6 à la cote 241 de part et d'autre de la route de Nalinnes à Gourdinne. [26N942/01]

 

Cette cote est exactement à mi-chemin des deux localités.

 

Le vallon signalé plus haut est peut-être le ravin de Praile par lequel arrivent les Allemands. [26N942/01]

 

Praile (ravin) : on trouve un Praile au sud-est de Nalinnes. La zone est boisée. Ravinée?

24.08.14 :

L'A.D. 6 semble rester à Vogenée. [26N942/01]

26.08.14 :

L'A.D. 6 arrive à Momignies à 2 heures. La frontière sera repassée dans la journée. [26N942/01]

27.08.14 :

Le 1er groupe vient cantonner à Landouzy-la-Cour. [26N942/01]

 

Landouzy-la-Cour : 5 km à l'est de Vervins – Aisne.

1ère bataille de Guise :

29.08.14 :

Le 1er groupe arrive à la ferme de Courjumelles à 3h30. [26N942/01]

 

Courjumelles est à 18 km à l'est de St-Quentin – Aisne. On est à l'est du canal de la Sambre à l'Oise et de l'Oise.

 

Le J.M.O. du régiment indique que "le reste du groupe [le 2e] reçoit l'ordre verbal du colonel de tirer avec le concours de l'avion sur des batteries allemandes, derrière Jonqueuse et [qui] se porte entre la cote 75 et Courjumelles. Ce tir n'a pas lieu, le mdl aviateur Damberville préférant régler le tir des batteries du 11e, plus à portée que les nôtres. [26N942/01]

 

Dans le J.M.O. de la 4e batterie du 11e R.A. on trouve le texte suivant : "Un avion a réglé le tir de la 5e batterie et donné des objectifs dont une batterie en marche qui ont été détruits." [26N923/27]

 

C'est confirmé par le J.M.O. de la 5e batterie : "Vers 14 heures la 5e batterie reçoit comme mission de contrebattre de l'artillerie ennemie, vers la ferme de Jonqueuse. Un aéroplane vérifie notre fourchette et nous renseigne sur le groupement de cette artillerie allemande." [26N924/01]

 

Ces deux groupes, venant de Rouen, relèvent du 2e groupe du 11e R.A.C. qui, lui, donne des batteries numérotées de 44 à 46, partant toutes les trois de Versailles. [26N923/03]

 

Curieux, et pas très clair. Selon la source [40] le 3e C.A. disposait bien en organique de 4 groupes du 11e R.A.C.

 

Pour le même jour on trouve dans le J.M.O. du 3e groupe du 22e R.A.C. : "Les 8e et 9e batteries occupent une position à 200 m O de la ferme de Courjumelles, pour tirer avec avion sur batteries ennemies qui sont au NE de la ferme de Jonqueuse. Le tir n'a pas lieu." [26N942/17]

 

Le J.M.O. de la 8e batterie le confirme : "La batterie est reformée, puis se replie sur Courtjumelles (?) où elle se met à nouveau en position pour tirer aidée de l'avion. Celui-ci ne paraît pas." [26N943/26]

 

Le J.M.O. de la 9e batterie dit : "Les 8e et 9e vont occuper une position pour faire du tir sur obusier avec aéroplane, l'avion ne vient pas et par suite on ne tire pas." [26N943/29]

30.08.14 :

En soirée les unités se retrouvent vers Chevresis-Monceau. [26N942/01]

 

Chevresis-Monceau : 23 km au SE de St-Quentin – Aisne.

 

Départ en soirée et arrivée pour le 2e groupe à Laon et pour les deux autres à Chivy-les-Etouvelles à 1 heure le 1er septembre. [26N942/01]

 

Chivy-les-Etouvelles : 5 km au sud de Laon -Aisne.

01.09.14 :

Le 1er groupe est arrivé à Vieil-Arcy avec le 2e. [26N942/06] + [26N942/01]

 

Vieil-Arcy : 21 km au sud de Laon - Aisne.

02.09.14 :

Le 1er groupe bivouaque à Pareuil-Malmaison. [26N942/06] + [26N942/01]

 

Pareuil-Malmaison : j'ai un Pareuil à 28 km au SO de Reims – Marne. Le hameau est au SE de Passy-Grigny. La Malmaison est une ferme au sud du hameau.

03.09.14 :

L'état-major de l'A.D. 6 vient cantonner à La Galinaterie. [26N942/01]

 

La Galinaterie : 4 km au SE de Dormans sur la D18 – Marne. Il ne reste plus rien aujourd'hui. La ferme a probablement disparu avec la guerre.

04.09.14 :

L'A.D. 6 continue à se replier et termine la journée à La Boularderie. [26N942/01]

 

La Boularderie : ferme à 7 km à l'est de Montmirail – Marne. Elle se trouve encore au sud de Janvilliers, près d'une route qui porte ce nom.

05.09.14 :

L'E.M. et les 3 groupes, sauf une batterie, se retrouvent à Louan en soirée. Il y a eu quelques combats. [26N942/01]

 

Louan : aujourd'hui Louan-Villegruis-Fontaine à 15 km au NE de Provins – S&M.

1ère bataille de la Marne :

 

 

06.09.14 :

Mise en action du 2e groupe sur le renseignement qui avait été donné par le mdl aviateur du 22e d'artillerie. Une longue ligne d'artillerie adverse était en batterie au nord de Monteraux-les-Provins dans l'angle des routes qui vont de Monteraux à Saucy et à Courgivaux. [26N942/11]

 

Monteraux-les-Provins : lire Montceaux-les-Provins, 18 km au NE de Provins – S&M.

 

Saucy : lire Sancy-les-Provins à 3 km à l'ouest de Montceaux – S&M.

 

On retrouve cette information dans le J.M.O. du régiment : [26N942/01]

 

A 11 heures, et bien que son appareil présente une légère avarie qui augmente les risques de l'entreprise, le mdl Damberville, de la section d'aviation du 22e d'artillerie s'élève en avion et envoie une heure après au colonel le renseignement capital suivant : "L'ennemi a concentré presque toute son artillerie aux lisières nord de Monceau-les-Provins et le précise encore par le croquis ci-dessous reproduit :"

Source [26N942/01]

 

Selon le J.M.O. du 3e groupe ce sont ses batteries qui tirent sur l'artillerie allemande : "Le groupe tire de 10 à 18 heures sur Monceau, les lisières à l'E. des châtaigniers et de l'artillerie allemande décelée par les avions au nord de Montceau." [26N942/17]

 

Le J.M.O. de la 5e batterie (2e groupe) en parle aussi mais de façon succincte : "Tir violent sur zone arrière Montceau-les-Provins. Renseignement d'avion." [26N943/17]

 

Le J.M.O. de la 6e batterie a tiré 680 coups sur ces positions adverses, toujours sur le même renseignement d'avion. [26N943/19]

 

Le J.M.O. de la 7e batterie indique aussi son tir sur la même artillerie décelée par les avions. [26N943/22]

 

Ce fait vaudra à Damberville une citation à l'ordre du régiment. On la retrouve dans l'ordre n° 75 du 20.04.15 qui reprend les citations des officiers, gradés et canonniers qui se sont distingués dans divers combats au début de la campagne :

 

"Le 6 septembre – Saint-Bon : Damberville, maréchal-des-logis, section d'aviation. Exécute, sur un appareil en mauvais état, une reconnaissance aérienne dont il rapporte un renseignement capital sur l'emplacement des batteries ennemies." [26N943/22]

 

Ce même jour, on trouve dans le J.M.O. de l'aviation de la 5e armée que le lcl Gauter et le cne Ronin se rendent sur le terrain d'action des 1er et 3e corps où sont employés les avions d'observation d'artillerie (Courgivaux, Les Essarts le Vicomte). [1A271/01]

 

Ce jour marque aussi le début de la bataille des deux Morins. Elle se terminera le 10 septembre. [40]

 

En soirée l'A.D. 6 s'installe près de St-Bon. [26N942/01]

 

St-Bon : 6 km au nord de Louan – Marne.

07.09.14 :

L'E.M. de l'A.D. 6 s'installe en soirée à La-Queue-de-Joiselle. [26N942/01]

 

La-Queue-de-Joiselle : j'ai trouvé un Joiselle à 5 km au NNO d'Esternay - Marne. La Queue est un autre hameau à environ 2 km à l'ouest, au niveau de la voie ferrée.

 

Dans le J.M.O. de la 6e D.I. on trouve : "Le général de division prépare par des reconnaissances de cavalerie et d'avions son offensive dans la direction de Arbettot où l'emplacement de batteries allemandes a été signalé." [26N274/01]

 

Sans précision il n'est guère possible de savoir quelle escadrille il est question.

08.09.14 :

L'E.M. de l'A.D. 6 s'installe en soirée à la ferme de Champgillard. [26N942/01]

 

Champgillard : à environ 2 km au nord de Joiselle, au nord de la ligne Tréfols – Morsains. Le site est plutôt écrit Champ Gillard aujourd'hui, mais aussi dans certains documents d'époque.

09.09.14 :

L'E.M. de l'A.D. 6 s'installe en soirée à Courbouvin. [26N942/01]

 

Courbouvin : à l'ouest de Verdon, 10 km au NNE de Montmirail – Limites de la Marne.

10.09.14 :

L'E.M. de l'A.D. 6 s'installe en soirée à Varennes. [26N942/01]

 

Varennes : 11 km à l'est de Château-Thierry, au sud de la Marne – Aisne.

11.09.14 :

L'E.M. de l'A.D. 6 s'installe en soirée à Vézilly, après avoir franchi la Marne . [26N942/01]

 

Vézilly : 25 km au SO de Reims – Aisne.

12.09.14 :

L'E.M. de l'A.D. 6 s'installe en soirée à Châlons-sur-Vesle, après le franchissement de la Vesle. Il y eut quelques combats. [26N942/01]

 

Châlons-sur-Vesle : 8 km à l'ONO de Reims – Marne.

1ère bataille de l'Aisne :

13.09.14 :

Début de la 1ère bataille de l'Aisne. Elle se terminera pour la 6e D.I. le 27 avril 1915 quand elle se retirera du front. [40]

 

L'E.M. de l'A.D. 6 s'installe en soirée à Pouillon et les trois groupes à Villers-Franqueux. [26N942/01]

 

Pouillon et Villers-Franqueux : 7/8 km au NO de Reims – Marne.

 

L'A.D. 6 est désormais installée en face du fort de Brimont, occupé par les Allemands.

14.09.14 :

L'E.M. de l'A.D. 6 s'installe en soirée à Hermonville. [26N942/01]

 

Hermonville : 2 km à l'ouest de Villers-Franqueux – Marne.

16.09.14 :

Par ordre n° 2 du gal commandant la 6e D.I. le mdl aviateur Damberville est nommé sous-lieutenant à t.t. en remplacement du ltt Morel. [26N942/01]

 

Damberville remplacerait-il Morel au commandement de la section? Cela me semble très possible, mais il faut aussi tenir compte du fait que pour faire passer quelqu'un à un grade supérieur il faut qu'une place se libère.

 

On ne retrouvera cette nomination que dans le J.O. du 25 juin 1915, au titre de l'artillerie : "Par décision ministérielle en date du 23 juin 1915, les nominations et affectations suivantes, prononcées à titre temporaire, par application du décret du 2 janvier 1915, sont approuvées et compteront des dates ci-après, savoir : au grade de sous-lieutenant avec prise de rang au 16 septembre 1914, M. Damberville, maréchal des logis, 22e rég., détaché au service de l'aéronautique militaire. – Audit rég., maintenu, même service." [JO du 25.06.1915]

 

L'E.M. de l'A.D. 6 s'installe à Villers-Franqueux où elle retrouve le Q.G. de la 6e D.I. [26N942/01] + [26N274/01]

18.09.14 :

Le J.M.O. de l'aviation de la 5e armée indique : "Proposition d'emploi des Bl 50 HP pour l'artillerie (télégramme envoyé le 17 au soir)." [1A271/01]

 

Est-ce que cela concerne notre section?

 

L'E.M. de l'A.D. 6 s'installe à la ferme St Joseph. [26N274/01]

 

Ferme St Joseph : environ 2 km au SO d'Hermonville – Marne. La ferme existe encore.

19.09.14 :

L'E.M. de l'A.D. 6 s'installe à Vaux-Varennes. [26N274/01]

 

Vaux-Varennes : 3/4 km à l'ouest d'Hermonville – Marne.

20.09.14 :

Les batteries du régiment sont camouflées aux yeux des aviateurs français mais surtout allemands. [26N274/01]

21.09.14 :

Le slt Damberville qui tente ce jour-là une reconnaissance en aéroplane fait une chute à la suite d'une rupture de l'hélice, et se blesse grièvement. [26N942/01]

 

Sa fiche matricule indique : "Blessé le 21 septembre 1914 à 15 heures à Maco en exécutant une reconnaissance et réglage de tir, en avion sur le fort de Brimont. A été reconnu atteint de fracture à la jambe droite, de plaie à la jambe gauche, de plaies contuses du nez et joue droite et de contusions au bras droit." [Archives Seine-Maritime]

 

Maco : au NO de Reims, au sud de Merfy et au nord de La Vesle, en plein champs, on trouve la mention MACO sur Google-Maps. Peut-être cela désigne-t-il le hameau qui est au NE de ce champs, hameau traversé par le chemin de Macô. La section y était-elle installée?

 

Fort de Brimont : 10 km au nord de Reims – Marne. Le 3e C.A. avait essayé de reprendre ce fort.

 

Nota : Je crois qu'il faut voir, avec l'accident de Damberville, la fin de la section d'aviation du 22e R.A.C. Je n'en ai plus trouvé de mention par la suite dans les J.M.O. du régiment. En revanche Damberville restera toujours en compte au régiment.

 

Les généraux Estienne (patron de l'A.D. 6 et du régiment) et Pétain (patron de la 6e D.I.) se sont alors probablement satisfait de l'aviation de la 5e armée.

22.09.14 :

Les avions de l'escadrille D 4 arrivent à la 5e armée. [1A271/01]

 

Je suppose que ce renfort remplaçait favorablement la section et rendait sa remise en ligne inutile. L'escadrille n° 4 deviendra d'ailleurs l'escadrille organique du 3e C.A. en 1915.

15.04.15 :

A 10 heures la 4e batterie exécute un réglage avec avion sur un observatoire d'artillerie. A 10h35 la 3e fait un réglage avec avion sur des épaulements à gauche de Sainte Marie. [26N942/01]

 

De quelle escadrille relève cet avion? De la C 4?

 

Il doit s'agir des escadrilles de l'aviation de la 5e armée.

19.04.15 :

Le J.M.O. de la 3e batterie indique "réglage par avion" sans préciser l'unité. [26N943/09]

 

Il s'agit probablement d'un avion de la 5e armée.

25.04.15 :

Tout ce personnel et la section d'aviation sont classés à la date du 26 avril à la 5e Batterie. Dans l'ordre normal de marche ce détachement marchera en tête du groupe d'échelon du 2e groupe. [26N942/01]

 

Visiblement la section existe encore sur les tablettes du régiment. Je me demande s'il n'a pas fallu attendre le départ du col Estienne en février 1916 pour que cette section soit définitivement enterrée. A moins que sa nouvelle marotte, le blindage qui conduira aux chars, l'ait fait passer à autre chose.

 

Le personnel de la section avait, de toute façon, probablement été absorbé sinon fourni à l'origine par le régiment. L'aviation n'avait certainement aucune raison de vouloir le récupérer.

26.04.15 :

La 5e batterie s'installe à Sarcy. [26N943/17]

 

Sarcy : 15 km au SO de Reims – Marne.

01.05.15 :

Le J.M.O. de la 6e batterie indique entre le 1er et le 10 mai des manœuvres du 2e groupe et du régiment. Ces manœuvres voient des exercices de réglage par avion au moyen de la T.S.F. [26N943/19]

 

Le J.M.O. de la 5e batterie indique une manœuvre avec observateur en avion ce jour. [26N943/17]

 

Je ne pense pas que ce soit la section qui ait participé à ces exercices.

09.05.15 :

Le 3e C.A. passe à la 10e armée. [40]

20.05.15 :

Le slt pilote Damberville est pris en solde à la M.S. 15. [2A100/12]

25.05.15 :

Le slt pilote Damberville est tué en service commandé. [2A100/12]

 

Le slt pilote Robert Damberville (tué par accident) était normalement accompagné du sdt mitrailleur Edmond Perret (blessé). [125]

 

Nota : selon le C.C.C. de la M.S. 15 il n'y a pas de Perret à l'escadrille. Un Parret est rayé des contrôles le 5 mai (lire 25?), Berret est rayé des contrôles le 11, Carret n'est pris en solde que le 26 mai. [2A100/12]

26.05.15 :

Le J.M.O. du 22e R.A.C. indique que : "Le slt Damberville qui, après son rétablissement, avait repris son entraînement au Bourget à bord d'appareil Morane, fait une chute mortelle à St Pol. Il était depuis quelques jours affecté provisoirement, tout en comptant au régiment, à l'escadrille Morane de la 10e armée." [26N942/02]

 

La plupart des aviateurs de cette période restent rattachés à un corps, un régiment en général, qui les suit administrativement. Mais ils relèvent pourtant d'une unité de l'aéronautique. Le texte du J.M.O. du 22e R.A.C. n'est donc pas erroné, même si c'est la première fois que je vois ce lien mentionné dans un J.M.O.

02.16 :

A la fin du mois le col Estienne quitte le régiment et prend le commandement de l'A.C. 3 (artillerie du 3e C.A.)

Bilan : l'exploitation des archives en ligne du régiment ne permettent de retrouver la trace que de quatre vols de la section dont un est incertain : 23 août (incertain), 29 août, 6 et 21 septembre. Le dernier est aussi, certainement, le dernier de la section.


CHEFS SUCCESSIFS :

Section d'aviation du 22e R.A. :

01.08.14 au 22.08.14 :

Slt Morel (Pierre Jean Pascal Eugène?) ?

23.08.14 au ? :

Mdl Damberville Robert Adolphe (p.i. ?)

? au 15.09.14 :

Mdl Damberville Robert Adolphe (?)

16.09.14 au 20.09.14 :

Slt t.t. Damberville Robert Adolphe


LES MORTS :

Morel P.J.P.E.

slt pilote 27.08.14 MPF (1*)

MPF : mort pour la France.

(1*) Pierre Jean Pascal Eugène Morel était peut-être le commandant de la section. Il est blessé, s'il s'agit bien de la même personne, le 22 août 1914, puis transporté à un hôpital à Reims où il décèdera le 27. Il y a deux fiches MPF, l'une le donne comme relevant du 29e R.I. et l'autre du 29e R.A. Les archives en ligne ne permettent pas de lever le doute. Dans la mesure où son nom ne figure pas, au début de la guerre, dans les J.M.O. du 22e R.A. je dirais qu'il est fortement probable qu'il relevait de la section, mais sans avoir de certitude.


INSIGNES :

Sans objet.


STATIONNEMENT :

Les avions étant démontables, je pense que le train de la section suivait celui du régiment. J'ai essayé de situer le Q.G. du régiment (A.D. 6) où de la batterie à laquelle la section était réputée être rattachée.


RATTACHEMENT :

Le rattachement ne semble pas avoir évolué. La section relevait du 22e R.A. qui était l'A.D. de la 6e D.I., elle-même élément du 3e C.A. qui est resté rattaché à la 5e armée jusqu'au 8 mai 1915 où il passe à la 10e armée. Mais en mai 1915 il ne devait plus rien rester de la section.


FANION :

Sans objet.


BILAN DES ARCHIVES :

Sans objet.

AYMARD David

4 décembre 2020

 

 

Sources :

- Archives du SHD/air. Cartons 1A271/01 (JMO aviation 5e armée), 2A100/12 (SPA 15).

 

- Archives du SHD/terre. Cartons 1N010, 9N093, 26N274/01 (6e DI), 26N923/27 (11e RA), 26N924/01 (11e RA), 26N942/01, /02, /06, /17 (22e RAC), 26N943/05, /09, /17, /19, /22, /26, /29 (22e RAC).

 

- "Les armées françaises dans la grande guerre". [40]

 

- "French air service war chronology 1914-1918" - Frank W. Bailey - Christophe Cony. [125]