La 91ème Escadre de Bombardement

 (texte extrait du livre "L'Arméee de l'air, des avions et des hommes", Lcl Henri Guyot, éditions ADDIM, septembre 1992 actualisé).

Créée en 1964 à Mont de Marsan, la 91e escadre de bombardement perpétue les traditions de la 19e escadre créée en 1937 à Bordeaux et dissoute le 15 avril 1940, suite à l'autonomie rendue aux groupes de bombardement au début de la Seconde Guerre mondiale. Le drapeau de cette escadre a été confié par la suite au I/19, et ce sont les faits d'armes de ce dernier qui constituent le patrimoine de cette escadre. Premier maillon de la triade atomique française, la 91e escadre se compose en 1965 de quatre escadrons : trois escadrons de bombardement, équipés de Mirage IVA, et un escadron de ravitaillement, doté de C 135 F (l'EB 1/91 Gascogne à Mont-de-Marsan, l'EB 2/91 Bretagne à Cazaux, l'EB 3/91 Beauvaisis à Creil, I'ERV 4/91 Landes à Mont de Marsan).

Le 1er juillet 1976, les FAS subissent leur première restructuration. Les escadrons de ravitaillement en vol sont regroupés au sein de la 93e escadre de ravitaillement. La 91e escadre perd alors le 4/91 Landes, qui rejoint la 93e et prend sous sa coupe le 2/93 Cévennes d'Orange, qui s'appelle dès lors 3/91, en remplacement du Beauvaisis dissous. Le 1er octobre 1983, le Cévennes disparaît à son tour. En 1986, le système d'armes Mirage IV P - ASMP entre en service dans les deux escadrons de la 91e escadre de bombardement.

Insignes de l'EB 3/91 Beauvaisis à Creil et I'ERV 4/91 Landes à Mont de Marsan :

(actualisation après septembre 1992)
1er août 1993 : dissolution de la 91ème escadre de bombardement.


EB 1/91 Gascogne

Ecusson de l'EB 1/91

En janvier 1915, l'escadrille 28 est officiellement créée sur Henri Farman. Rapidement transformée sur Caudron, la C 28 se jette dans la bataille. En 1917, l'escadrille perçoit des Sopwith biplaces, avant d'opérer début 1918 sur Salmson. Escadrille d'observation du 2e corps d'armée, elle remporte 10 victoires aériennes. L'escadrille 79, quant à elle, est formée en novembre 1916 sur Bébé Nieuport. En janvier 1918, percevant des SPAD VII et XIII, la SPA 79 escorte les sorties massives du bombardement français. A l'armistice, elle est créditée de 7 victoires.

En 1919, lors de la réorganisation de l'aéronautique militaire, les deux escadrilles sont dissoutes. En juillet 1933, après la création effective de l'Armée de l'air, la SAL 28 et la SPA 79, équipées de Potez 25, reprennent respectivement les traditions de la 1ère et de la 2e escadrille du groupe autonome de Cazaux. En janvier 1935, la 2e escadrille perçoit des Mureaux 113 R2 avant de se transformer, avec la SAL 28, en fin d'année sur Potez 540. En 1937, après avoir abandonné la reconnaissance pour le bombardement, le groupe rejoint Bordeaux, où il s'intègre à la 19e escadre de bombardement sur Bloch 210, avec la numérotation II/19.

En mai 1939, il stationne à Kalaa-Djerba en Tunisie. Après une transformation rapide à Médiouna sur Douglas DB 7, le II/19 rejoint Cazaux et se lance dans la fournaise, le 20 mai 1940. Ayant subi de nombreuses pertes, il se replie sur Agen le 15 juin, puis en AFN, où l'armistice le surprend.

Début 1944, le II/19 est réarmé sur Marauder. Rebaptisé groupe de bombardement moyen I/19, il prend, le 21 février, le nom de Gascogne. Intégré à la 31e escadre de bombardement, il participe à la campagne d'Italie, effectuant 1600 heures de vol en quelque 350 sorties. Le 30 septembre, les B 26 se posent en métropole. Du 17 novembre 1944 au 25 avril 1945, le Gascogne prend part à la campagne d'Alsace, d'Allemagne et à la réduction de la poche de Royan. La guerre terminée, il participe au rapatriement des prisonniers avant d'être dissous le 7 avril 1946.

Le 1er janvier 1951, le I/19 Gascogne renaît en Indochine sur B 26 Invader. Un mois plus tard, opérationnel, il opère au Tonkin et dans la région de Haiphong. Il termine la campagne d'Indochine à Diên Biên Phû en 1954. Après avoir effectué 21 000 heures de vol, perdu neuf équipages, le groupe est de nouveau dissous en novembre 1955.

Le 1er septembre 1956, le Gascogne est recréé en Algérie sur B 26. Une fois de plus, il s'illustre au cours de missions périlleuses et effectue quelque 44 000 heures de vol. Rapatrié sur Bordeaux après le cessez-le-feu, il est dissous en septembre 1962.

Le 1/91, le Gascogne, renaît le 1er juin 1964 à Mont-de-Marsan. Il est le premier escadron à capacité nucléaire stratégique. Le 9 juillet1966, il effectue, sur l'atoll de Mururoa, le premier tir en condition opérationnelle d'une arme nucléaire à partir d'un Mirage IV A. Depuis 1964, l'escadron se consacre à la préparation au bombardement stratégique et se tient prêt à son exécution si l'ordre en était donné.

(actualisation après septembre 1992)
31 juillet 1996 : dissolution de l'EB 1/91 Gascogne
1er août 1996 : ERS 1/91 Gascogne (Escadron de Reconnaissance Stratégique)
31 août 2005 : dissolution de l'ERS Gascogne (retrait des Mirage IV P)
07 octobre 2008 : constitution de l'EC 1/91 Gascogne (SAL 28, SPA 79 et BR 66) sur Rafale B et C
25 juin 2012 : constitution d'une 4ème escadrille (SPA 37) pour l'EC 1/91 Gascogne (SAL 28, SPA 79, BR 66 et SPA 37)


EB 2/91 Bretagne

Le groupe FAFL Bretagne est officiellement créé à Fort-Lamy (Tchad) le 1er janvier 1942. Mais le DPFAT (détachement permanent des forces aériennes du Tchad), dont il est issu, assure déjà depuis plus d'un an l'appui aérien de la colonne du colonel Leclerc. Lors de la prise de Koufra, en Libye, (janvier mars 1941), le groupe est cité à l'ordre de l'Afrique française libre. En juillet 1941, le groupe, équipé de Glenn Martin, Lysander, Potez 29, Potez 540 et d'un Bloch 210, regagne Fort-Lamy et s'entraîne à la guerre du désert.

Début 1942, alors que les Britanniques battent en retraite devant Rommel, le groupe Bretagne, avec ses deux escadrilles Nantes et Rennes, éclaire la route du général Leclerc dans les campagnes du Fezzan et acquiert une réputation d'audace. Le 25 janvier 1943, la colonne Leclerc effectue la jonction avec les Britanniques à Tripoli. En août 1943, le groupe rejoint Rayack, au Liban. En novembre, il revient en AFN et se transforme sur B 26 Marauder. Réorganisé, il devient groupe de bombardement moyen II/20 Bretagne. En avril 1944, le GBM II/20, qui appartient alors à la 31e escadre, est rattaché au 42e Wing américain, avec lequel il s'embarque pour la Sardaigne. De mai à octobre, le groupe prend part à la campagne d'Italie, effectuant près de 600 sorties sur le nord de ce pays et sur Rome. En octobre, mouvement sur Istres avant de rejoindre Bron, d'où il participe à la libération de l'Alsace et à la rupture de la ligne Siegfried. Installé à Saint Dizier, le Bretagne appuie l'offensive américaine sur la Sarre en mars 1945 et opère sur la poche de Royan en avril. S'étant déjà battu sous tous les climats et sur tous les théâtres d'opérations, le Bretagne poursuit sa mission jusqu'à la victoire finale.

Après un bref séjour en Allemagne, le groupe rejoint Thiès au Sénégal en août 1947. D'abord équipé de Ju 52 puis de Nord 2501 en 1955, le groupe de transport I/63 Bretagne sillonne l'Afrique noire avant d'être dissous le 31 janvier 1965.

A cette date, à Cazaux, l'escadron de bombardement 2/91, créé auparavant le 1er décembre 1964, reprend les traditions du Bretagne. Le 1er avril 1965, le premier Mirage IV A arrive à l'escadron. Après un largage sur le champ de tir de Colomb-Béchar, l'escadron est opérationnel en juillet. Depuis sa création au sein des forces aériennes stratégiques, I'EB 2/91 Bretagne s'intègre dans le plan d'ensemble de la force de dissuasion.

(actualisation après septembre 1992)
22 septembre 1993 dernier vol du Mirage III B de l'Armée de l'air à l'EB 2/91 Bretagne
31 juillet 1996 : dissolution de l'EB 2/91 Bretagne
1er août 1996 : création de l'ERV 93 Bretagne sur C 135 FR à Istres (escadrilles : Nantes, Rennes, SPA Bi 54 et SAL 22)
1er septembre 2004 : nouvelle appellation GRV 93 Bretagne (G pour Groupe)
1er septembre 2009 : nouvelle numérotation GRV 2/91 Bretagne.
29 juin 2012 : changement de traditions pour le GRV 2/91 "Bretagne" qui reçoit celles des BR 108 "pégase" (pilotes), VB 25 "Etoile américaine" (navigateurs) et BR 129 "lapin trimardeur " (ORV), tout en conservant la SAL 22 "la Louve romaine" (Centre de formation des ravitailleurs). Les escadrilles Nantes, Rennes et SPA Bi 54 tombent en déshérence.

Implantations successives de la 91ème Escadre de Bombardement

Mont de marsan (EB 2/91 à Cazaux) de 1964 au 1er août 1993

Avions successivement utilisés par la 91ème Escadre de Bombardement

Mirage IVA de 1964 à juillet 1986
C135 F de 1964 au 1er juin 1976
Mirage IV P du 1er mai 1986 au 31 août 2005
Mirage III B de 1992 au 22 septembre 1993

Appellations successives des escadrons de la 91ème Escadre de Bombardement

EB 1/91 Gascogne  
EB 1/91 Gascogne de 1964 au 31 juillet 1996
ERS 01/091 du 1er août 1996 au 31 août 2005
EB 2/91 Bretagne  
EB 2/91 Bretagne de 1964 au 31 juillet 1996
ERV 00/093 Bretagne depuis le 1er août 1996

Escadrons ayant appartenu à la 91ème Escadre de Bombardement

EB 3/91 Beauvaisis (Creil) de 1964 au 1er juin 1976
EB 3/91 Cévennes (Orange) du 1er juin 1976 au 1er octobre 1983
ERV 4/91 Landes (Mont de marsan) de 1964 au 1er juin 1976